lundi 19 février 2024
« C’EST AU MOMENT OÙ L’ON SE PERD RÉELLEMENT QUE L’ON COMMENCE À SE TROUVER » H.D THOREAU
vendredi 8 septembre 2023
ACRYLIC ON CANVAS - DIGITAL ART - 2023
dimanche 7 mai 2023
mardi 25 avril 2023
ACRYLIQUE - 2022
lundi 19 décembre 2022
mercredi 7 décembre 2022
SOLITUDE DE LA LUMIÈRE - EDITION "RENCONTRES" - 2022
Solitude de la lumière
Hubert Haddad – éditions Rencontres, 2022
I
L’œil né des ténèbres
brise sa coquille d’ombre
et se blesse aux reflets
lui-même image perdue du temps
l’aile d’un harfang s’élève alors
et c’est l’aube du regard
une épiphanie d’infimes obstacles
compose soudain le monde visible
miroir caché de la lumière
dans un ressac de nébuleuse.
Voir tient du jour
L’obscur enfin nommé.
II
Une voix de femme résonne à l’heure dite
dans la douce lumière de saphir oriental
par la porte ouverte des rendez-vous
on voit les jours s’entrecroiser
les fantômes aimeraient bien s’échapper
un diable s’amuse des silences de la guerre
au bout de l’allée ombragée
on ne peut rien contre la violence des songes
Olga tes cheveux d’or sont tout ce qui reste
de notre humanité.
quelqu’un frappe à la porte du temps
la neige des jardins
seule éclaire la mémoire.
III
Un jour nos os blanchiront au soleil
de l’apparence humaine au squelette
longue est l’alchimie du soir
du noir tourment à la cendre des neiges
ce vide en nous dressé d’égales ténèbres.
Nuit, nuit, nuit
a-t-on perdu les couleurs
et ce trompe-l’œil de chair vive
masque insatiable aux crocs vert bouteille
Comme une ombre de verre
à l’orient de cette nuit d’étoiles
une musique inconnue s’élève
jusqu’à telle mort consolée du silence.
IV
Un ciel tombal se dresse
minuit par-dessus les toits
c’est la main veinée du sommeil
et des songes
l’ange de l’oubli ajustant son chant
au pur silence
c’est la face trouée de Méduse
au noir halo de flammes
tombe ô tombe jusqu’à la fin des temps
en nulle aube jamais le reflet d’un miroir
ce chant perdu comme une statue drapée
nul ne peut l’entendre
jamais il n’est jamais trop tard
la cécité des roses embaume l’air
il n’est jamais trop tard pour se souvenir
l’amour est tout ce qui nous perd.
Entends-tu trotter l’insecte de la nuit
sur le cadran absent des jours
des voiles d’or fini tachées de sang s’éploient
Quoi de moins réel qu’un chiffre de faïence
le temps vole plus vite que ne vogue
la barque d’Isis
et les statues de mes rêves sont des éclairs
dans les interstices du cosmos
l’image du corps c’est la nuit
mon amour deux fois enseveli
que la mémoire des roses emporte
avec la force de l’offrande
sur l’océan méandreux
à la croisée des grands mâts.
VI
la vie
perpétuation d’une forme
dans la lumière
Qu’as-tu fait de mon ombre Albina
dans l’insomnie des rendez-vous manqués
tu chantais
chaque nuit la mort m’essaye
comme un éclair recommencé
un dieu tous les matins
repeint l’univers au pochoir
Ô charité
VII
la nuit est un animal étrange
ses épaules nues sont pareilles
au sablier du vent
ses geste sont des arbres mal plantés
où volètent les pipistrelles
m’expliquera-t-on un jour
la maladresse des dieux
proche, si proche du néant
le reste du temps confondu au tombeau
mes doigts cherchent un visage
flamme pure de l’oubli
VIII
Il existe une légende locale qui prétend
l’homme mortel
mais je ne suis pas d’ici
du matin au soir je crois rêver
soir et matin des cavaliers en armes
décapitent la lumière du jour
ô déesse à tes pieds
à chaque pas le brouillard dissimule
une chute de statue
On imagine à peine les merveilleux palais
mer et ciel, sommets enneigés
ruines écrasées de soleil
suis-je bien réveillé
Cette image perdue de l’univers
Configure en moi
L’espace infini
à la terrasse de l’Eclat
j’attends le signe étoilé
ô doux vertige d’une mort promise
devant une bière au goût bois
Transparence, songe tremblé
où tu m’apparus semblable au jour
ai-je recouvré la vue avec la vie
la lumière n’est-elle pas l’ombre du dieu
Dans les jardins profonds
un aveugle plante ses yeux
même l’ombre éblouit aux ténèbres
il les plante et les replante
avec ses mains gantées de sang
X
nuit égale à tous les jours
le rêve d’un dieu façonne les créatures
je vis la beauté en ces roses-ci
je la vis dans l’aile passante
et la vacance des blés
l’obscur de notre jour
passe en félicité
adieu pour une rose malmenée
ou le glaive alangui d’un glaïeul
aux jardins azurés je l’ai vu sur un fil
mourante entre deux chênes
dans la forêt d’Erymanthe
l’inachevé ne s’accomplit
qu’en esprit